La couleur blanche des éoliennes répond d’abord à une obligation réglementaire stricte liée à la sécurité aérienne. Mais cette teinte uniforme combine aussi des avantages techniques, une meilleure durabilité des installations et des compromis environnementaux parfois discutables. Voici les véritables raisons derrière ce choix de couleur qui n’a rien d’anodin.
Une obligation réglementaire imposée par l’aviation civile
Le blanc n’est pas un choix esthétique laissé au hasard. L’arrêté du 13 novembre 2009 encadre strictement la couleur des éoliennes situées hors des zones grevées de servitudes aéronautiques. Le texte impose que le mât et les pales soient blancs, avec un facteur de luminance supérieur à 0,4. Ces critères colorimétriques précis garantissent une visibilité maximale depuis le ciel, en plein jour.
Les éoliennes constituent des obstacles potentiels pour les aéronefs. La Direction Générale de l’Aviation Civile (DGAC) impose donc ce balisage pour limiter les risques de collision. Le blanc permet aux pilotes de repérer facilement ces structures de plusieurs dizaines de mètres de haut. Cette couleur est complétée par un feu clignotant blanc de 20 000 candelas installé sur chaque nacelle, émettant environ 40 flashs par minute et visible à 360°.
Des avantages techniques et de durabilité
Au-delà de la réglementation, le blanc présente un réel intérêt technique. Cette couleur réfléchit efficacement les rayons UV, un principe emprunté à l’aéronautique. Cette réflexion limite la surchauffe de l’installation et réduit le risque de déformation des parties métalliques exposées au soleil. Les pales et le mât conservent ainsi leur intégrité structurelle plus longtemps.
Les éoliennes représentent un investissement lourd. Leur rentabilité dépend directement de leur durée de vie. En protégeant les matériaux contre l’usure thermique, la peinture blanche prolonge la durabilité de l’installation et réduit les coûts de maintenance. Toute autre couleur absorberait davantage de chaleur, accélérant l’usure de l’enduit et fragilisant l’équipement sur le long terme.
Une intégration visuelle dans le paysage
La couleur blanche favorise une meilleure intégration paysagère, du moins en théorie. Les éoliennes se détachent principalement sur fond de ciel. Lorsque celui-ci est nuageux ou voilé, la teinte claire permet aux installations de se fondre partiellement dans l’arrière-plan. Ce n’est évidemment pas un camouflage parfait, mais cela atténue l’impact visuel par rapport à des couleurs vives ou foncées.
Pourquoi ne pas peindre les éoliennes en vert ou en bleu pour mieux les intégrer au paysage terrestre ? Le ciel et les sols changent constamment de couleur selon les saisons, la météo et l’heure de la journée. Une couleur unique ne pourrait jamais s’adapter à tous les contextes géographiques et climatiques. Le blanc reste donc la solution neutre la plus efficace pour limiter la gêne visuelle, tout en respectant les impératifs réglementaires.
Un impact sur la faune sauvage
La couleur blanche pose un problème majeur pour la faune aviaire. Les oiseaux et les rapaces ont du mal à distinguer les pales blanches en mouvement, ce qui provoque des collisions mortelles. Le blanc attire également les insectes, et par ricochet, les prédateurs qui s’en nourrissent. Chauves-souris et oiseaux insectivores se rapprochent ainsi dangereusement des installations.
Une étude norvégienne publiée dans Ecology and Evolution a testé une solution simple : peindre une pale sur trois en noir. Cette alternance augmente le contraste visuel et rend les éoliennes beaucoup plus détectables par les oiseaux. Résultat : une réduction de 70 % de la mortalité aviaire due aux collisions, notamment chez les rapaces. Cette solution reste pourtant peu déployée, la priorité étant donnée à la sécurité aérienne et aux normes en vigueur.
Certaines recherches britanniques ont également montré que le blanc et le gris clair attirent fortement les insectes, seul le jaune étant encore plus attractif. Modifier la couleur ou utiliser des peintures spéciales pourrait réduire la mortalité animale, mais cela impliquerait de revoir les réglementations actuelles.
Le rôle des feux clignotants, blanc et rouge
La couleur blanche des éoliennes est complétée par un balisage lumineux strict. Le jour, les feux blancs de 20 000 candelas renforcent la visibilité des installations pour les pilotes. La nuit, ces feux passent au rouge (2 000 candelas) pour maintenir la sécurité aérienne tout en limitant les nuisances pour les riverains et la faune nocturne.
Si l’installation dépasse 150 mètres de hauteur, des feux supplémentaires sont installés sur le mât. Les règles imposent également que tous les clignotements d’un parc éolien soient parfaitement synchronisés. Cette mesure réduit l’effet stroboscopique et limite les gênes visuelles pour les habitants à proximité. Malgré cela, les feux clignotants restent une source de plaintes récurrentes de la part des riverains.
Une couleur imposée, mais questionnée
La couleur blanche des éoliennes n’est ni un caprice esthétique, ni un simple choix technique. Elle découle d’une réglementation stricte visant à protéger la sécurité aérienne, tout en offrant des avantages en termes de durabilité et d’intégration paysagère. Mais cette couleur pose des problèmes environnementaux réels, notamment pour la faune aviaire. Des solutions existent, comme l’alternance de pales noires, mais leur adoption reste freinée par les normes en vigueur. Le blanc restera donc encore longtemps la norme dans les paysages éoliens français et européens.

