Installer des panneaux solaires sans protection adaptée revient à jouer avec le feu. Le disjoncteur protège votre installation contre les surcharges, les courts-circuits et garantit votre conformité aux normes électriques. Le calibre dépend directement de la puissance de vos panneaux et de leur position dans le circuit. Voici comment faire le bon choix sans vous tromper.
Disjoncteur DC ou AC : comprendre la différence
Avant de parler d’ampérage, il faut savoir où se situe le disjoncteur dans votre installation. Un panneau solaire génère du courant continu (DC) que l’onduleur transforme en courant alternatif (AC) pour alimenter votre maison. Deux types de disjoncteurs interviennent à deux endroits différents.
Le disjoncteur DC (courant continu)
Il se place entre vos panneaux photovoltaïques et l’onduleur. Son rôle : couper le circuit en cas de problème côté production. Il est obligatoire pour les installations avec onduleur centralisé, sauf si vous utilisez des micro-onduleurs intégrés directement aux panneaux.
Ce disjoncteur doit supporter des tensions spécifiques : 12V, 24V ou 48V selon votre configuration. Il intègre généralement un interrupteur-sectionneur pour isoler les panneaux lors de la maintenance.
Le disjoncteur AC (courant alternatif)
C’est celui qui nous intéresse dans 90% des cas. Il se situe entre la sortie de l’onduleur et votre tableau électrique domestique. Il protège la partie « maison » de votre installation et c’est ici qu’intervient le fameux calibre en ampères.
Les normes françaises NFC 15-100 et UTE C15-712 imposent ce disjoncteur avec une protection différentielle de 30 mA. Sans lui, votre installation n’est ni conforme ni assurée.
Quel calibre de disjoncteur AC choisir selon la puissance
Le calibre du disjoncteur se mesure en ampères. Plus votre installation est puissante, plus vous avez besoin d’un calibre élevé. Voici un tableau récapitulatif qui vous donne la réponse en fonction de votre situation.
| Puissance de l’installation | Calibre du disjoncteur | Section de câble recommandée |
|---|---|---|
| Jusqu’à 1380W (plug & play) | 6A ou 10A | 2,5 mm² (3G2,5) |
| 1000W à 2300W | 10A | 2,5 mm² (3G2,5) |
| Jusqu’à 3000W | 16A | 2,5 mm² (3G2,5) |
| 3000W à 3680W | 16A ou 20A | 2,5 mm² (3G2,5) |
| Jusqu’à 6000W | 32A | 6 mm² (3G6) |
| Plus de 6000W | 32A ou plus | 6 mm² minimum |
Concrètement, si vous installez un kit solaire de 3000W, vous partez sur un disjoncteur 16A avec un câble de 2,5 mm². Pour une installation de 6000W, vous montez à 32A avec un câble de 6 mm². Simple et efficace.
Attention à ne jamais sous-dimensionner. Un disjoncteur trop faible déclenchera sans raison, celui qui est trop fort ne protégera pas suffisamment.
Cas particulier des installations triphasées
Les grandes installations résidentielles ou professionnelles fonctionnent parfois en triphasé. Pour une puissance de 9000W en triphasé, vous devez utiliser un disjoncteur triphasé 16A avec un câble de section 5G2,5 mm² (5 conducteurs de 2,5 mm²).
Le triphasé répartit la charge sur trois phases au lieu d’une, ce qui permet de transporter plus de puissance avec des câbles de section raisonnable.
Le disjoncteur différentiel : type A ou type B ?
Tous les disjoncteurs ne se valent pas. La protection différentielle existe en plusieurs types, et votre choix dépend de l’onduleur installé.
Type A : le standard résidentiel
C’est le plus courant et celui que vous trouverez dans 95% des installations domestiques. Le différentiel type A détecte les fuites de courant alternatif et protège contre les électrocutions. Il convient parfaitement aux onduleurs classiques qui produisent un courant alternatif pur.
Si vous installez un kit solaire standard ou un système résidentiel avec onduleur de marque reconnue, vous partez sur du type A. Point final.
Type B : pour les cas particuliers
Certains onduleurs, notamment les modèles anciens ou très spécifiques, génèrent des courants résiduels continus que le type A ne détecte pas. Dans ce cas, vous devez monter en gamme avec un différentiel type B.
Rassurez-vous : c’est rare en installation résidentielle, et quasi inexistant sur les kits plug and play récents. Vérifiez simplement les spécifications de votre onduleur.
Sensibilité 30 mA obligatoire côté AC
Quel que soit le type choisi, la sensibilité doit être de 30 mA. C’est la norme pour protéger les personnes contre les chocs électriques. Un différentiel de 300 mA existe aussi mais il protège uniquement le matériel, pas les individus.
Installer le disjoncteur pour panneau solaire : les étapes clés
Vous avez choisi le bon calibre, il reste à l’installer correctement. Trois règles à respecter absolument.
Créer un circuit dédié
Votre installation photovoltaïque doit avoir son propre circuit, indépendant des autres appareils de la maison. Partager une ligne avec le lave-linge ou le four crée des surcharges et des déclenchements intempestifs.
Ce circuit part de l’onduleur, passe par le disjoncteur dédié, et rejoint votre tableau électrique général. Rien d’autre ne doit s’y greffer.
Raccorder au tableau électrique
Le disjoncteur se fixe sur un rail DIN dans votre tableau, comme n’importe quel autre disjoncteur. Il se positionne après l’interrupteur différentiel de votre rangée et protège uniquement la ligne solaire.
Respectez scrupuleusement les sections de câble indiquées dans le tableau précédent. Un câble sous-dimensionné chauffe, un câble surdimensionné coûte cher pour rien.
N’oubliez pas la mise à la terre avec un câble vert/jaune de 6 mm² minimum. C’est obligatoire et vital pour votre sécurité.
Faire appel à un électricien
Même si vous êtes un bricoleur confirmé, l’intervention d’un électricien qualifié reste vivement recommandée. Il connaît les normes, possède les outils adaptés et vous garantit une installation conforme.
Certaines assurances exigent d’ailleurs un certificat de conformité (Consuel) pour couvrir votre installation photovoltaïque. Seul un professionnel peut le délivrer.
Erreurs à éviter lors du choix du disjoncteur
Quelques pièges reviennent régulièrement. Voici comment les éviter.
Sous-dimensionner le disjoncteur : un 10A sur une installation de 3000W déclenchera en permanence, ou pire, ne protégera pas en cas de court-circuit. Respectez le tableau des calibres à la lettre.
Brancher sans disjoncteur : c’est interdit, dangereux et votre assurance ne couvrira rien en cas de sinistre. Même pour un petit kit plug and play de 300W, la protection reste obligatoire.
Confondre DC et AC : les disjoncteurs DC et AC ne sont pas interchangeables. Un disjoncteur classique AC ne supporte pas le courant continu et peut exploser. Utilisez toujours le bon type au bon endroit.
Négliger la section de câble : un disjoncteur 32A avec un câble de 2,5 mm² ne sert à rien. Le câble chauffera avant que le disjoncteur ne déclenche. La section doit correspondre au calibre.
Oublier la mise à la terre : tous les panneaux et leur structure métallique doivent être reliés à la terre avec un câble de 6 mm² minimum. C’est une obligation normative et une protection contre la foudre.
Cas particulier : les kits plug and play
Les kits solaires plug and play séduisent par leur simplicité : on branche sur une prise et ça produit. Mais même ces installations nécessitent une protection adaptée.
Protection simplifiée mais obligatoire
Un kit de 300W à 800W se contente d’un disjoncteur 6A ou 10A selon sa puissance exacte. Certains utilisateurs pensent pouvoir s’en passer puisque le kit se branche sur une prise existante. Erreur.
La prise existante est protégée par un disjoncteur de 16A ou 20A qui protège toute la ligne, pas spécifiquement votre kit solaire. En cas de problème sur le kit, le disjoncteur général de la ligne peut ne pas réagir assez vite.
Idéalement, créez un circuit dédié même pour un plug and play, avec son propre disjoncteur calibré à 10A maximum. Vous gagnez en sécurité et en conformité.
Vérifier si l’onduleur intègre une protection
Certains kits plug and play récents embarquent un micro-onduleur avec protection intégrée. Cela ne vous dispense pas d’un disjoncteur au tableau électrique, mais cela ajoute une couche de sécurité supplémentaire.
Lisez attentivement les spécifications de votre kit. Si l’onduleur affiche une protection contre les surintensités et les courts-circuits, c’est un bon point, mais le disjoncteur au tableau reste la norme.
Normes et réglementation
Finissons par le cadre légal, histoire de dormir tranquille.
La norme NFC 15-100 régit toutes les installations électriques basse tension en France. Elle impose des protections différentielles, des sections de câble minimales et des circuits dédiés pour les sources de production d’énergie.
Le guide UTE C15-712 complète cette norme en détaillant spécifiquement les installations photovoltaïques. Il précise les protections à installer côté DC et côté AC, les obligations de mise à la terre et les conditions d’installation des parafoudres.
Côté AC, vous devez installer un disjoncteur différentiel de 30 mA systématiquement. C’est non négociable. Ce différentiel protège les personnes contre les électrocutions en coupant le circuit dès qu’une fuite de courant est détectée.
Le parafoudre est fortement recommandé, voire obligatoire selon la longueur de vos câbles et votre zone géographique. Si votre région connaît une forte activité orageuse (niveau kéraunique élevé), ou si vos câbles DC dépassent une certaine longueur, le parafoudre devient obligatoire. Il protège votre matériel contre les surtensions liées à la foudre.
Choisir le bon disjoncteur pour panneau solaire garantit la sécurité, la conformité et la longévité de votre installation. En cas de doute sur le calibre ou l’installation, un électricien qualifié reste votre meilleur allié.

