Faire fonctionner votre chauffe-eau électrique avec l’électricité produite par vos panneaux solaires, c’est possible. L’eau chaude représente 15 à 20 % de votre facture d’électricité, et l’autoconsommation solaire permet de réduire significativement ce poste de dépense. Deux solutions existent pour brancher un chauffe-eau sur un panneau photovoltaïque : la programmation horaire ou le routeur solaire. Chacune présente ses avantages selon votre installation et vos objectifs d’économies.
Deux façons de brancher un chauffe-eau sur des panneaux photovoltaïques
La programmation horaire : la solution simple
Cette méthode consiste à décaler la chauffe de votre ballon d’eau chaude sur les heures d’ensoleillement, typiquement entre 10h et 18h. Votre installation produit de l’électricité en journée, et votre chauffe-eau la consomme directement.
L’avantage principal : aucun équipement supplémentaire n’est nécessaire hormis un chauffe-eau programmable. Plusieurs modèles proposent cette fonction, comme l’Atlantic Aquéo ou le Thermor Duralis Connect, pilotables via application mobile. Vous configurez les plages de chauffe pour qu’elles coïncident avec votre production solaire.
Cette solution convient particulièrement aux régions bénéficiant d’un bon ensoleillement. En revanche, elle ne s’adapte pas en temps réel. Si le ciel se couvre à 14h, votre chauffe-eau continuera de chauffer selon sa programmation, en puisant sur le réseau électrique.
Les économies attendues se situent entre 40 et 50 % sur la facture d’eau chaude, selon la puissance de vos panneaux et votre localisation géographique.
Le routeur solaire ou gestionnaire d’énergie : la solution optimale
Le routeur solaire (ou gestionnaire d’énergie, appelé EMS) analyse en permanence votre production photovoltaïque. Dès qu’un surplus d’électricité est disponible, il déclenche automatiquement la chauffe du ballon d’eau chaude. Aucune programmation manuelle n’est nécessaire.
Cette technologie nécessite l’installation d’un équipement supplémentaire au tableau électrique. Le routeur mesure la différence entre ce que vous produisez et ce que vous consommez instantanément. Quand la production dépasse la consommation, le surplus est dirigé vers le chauffe-eau via un contact sec relié aux borniers de l’appareil.
Les modèles compatibles avec cette fonction incluent l’Atlantic Calypso et le Calypso Split. Ces appareils disposent d’un mode autoconsommation photovoltaïque qu’il faut activer après branchement.
L’optimisation est maximale : vous utilisez chaque watt produit sans gaspillage. Les économies grimpent à 60 à 70 % sur la facture d’eau chaude, voire davantage avec un dimensionnement adapté. Cette solution fonctionne toute l’année, même par temps variable, puisqu’elle s’ajuste en continu.
Le matériel nécessaire pour le branchement
Côté production électrique
Votre installation photovoltaïque doit comprendre plusieurs éléments essentiels pour alimenter correctement un chauffe-eau électrique.
Les panneaux solaires photovoltaïques captent les rayons du soleil et produisent du courant continu. Pour un foyer de 3 à 4 personnes, une puissance de 3 kWc (environ 8 à 10 panneaux de 375 Wc) constitue un bon point de départ. Cette puissance permet de couvrir une large partie des besoins en eau chaude tout en alimentant d’autres équipements.
L’onduleur transforme le courant continu en courant alternatif compatible avec votre réseau domestique et votre chauffe-eau. C’est un élément indispensable, puisque les résistances électriques des ballons d’eau chaude fonctionnent exclusivement en 230 V alternatif.
Un coffret de protection avec disjoncteur et parafoudre sécurise l’ensemble de l’installation. La mise à la terre est obligatoire pour garantir la conformité et la sécurité électrique. Les modules doivent être raccordés en parallèle, jamais en série, pour ce type d’application.
Côté chauffe-eau
Tous les chauffe-eau électriques ne sont pas compatibles avec une installation photovoltaïque. Vérifiez cette information avant tout achat ou modification de votre système.
Pour la solution avec programmation horaire, choisissez un modèle connecté ou programmable. Les gammes récentes proposent généralement cette fonction en standard.
Pour la solution avec routeur solaire, vous devez ajouter un gestionnaire d’énergie (EMS) au tableau électrique. Cet appareil, vendu entre 300 et 800 € selon les modèles, pilote automatiquement le chauffe-eau. Le contact sec du gestionnaire se connecte directement sur les borniers prévus à cet effet sur le chauffe-eau.
Certains modèles connectés, comme l’Atlantic Aquéo ou l’Egéo, offrent en plus une application mobile pour suivre votre production et optimiser vos consommations. Vous pouvez visualiser en temps réel la quantité d’énergie solaire utilisée pour chauffer votre eau.
Combien peut-on économiser réellement ?
Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Un foyer consomme en moyenne 800 kWh par personne et par an pour produire son eau chaude sanitaire.
Prenons l’exemple d’une famille de 4 personnes. La consommation annuelle atteint 3 200 kWh, soit environ 608 € de facture électrique au tarif de base (0,19 €/kWh). Sans installation solaire, ces 608 € partent chaque année dans le chauffage de l’eau.
Avec une programmation horaire simple et 3 kWc de panneaux installés, le taux d’autoconsommation naturel se situe autour de 40 %. Vous achetez donc 60 % de votre électricité sur le réseau. Votre facture d’eau chaude descend à environ 365 € par an, soit une économie de 243 €.
Avec un routeur solaire et un gestionnaire d’énergie, le taux d’autoconsommation grimpe à 70 %. Votre facture d’eau chaude tombe à 182 € par an, soit une économie de 426 € comparé à la situation initiale.
Dans une configuration optimale, avec un bon dimensionnement et des habitudes de consommation adaptées, certains foyers atteignent 80 à 90 % d’autoconsommation. La facture d’eau chaude peut alors descendre sous les 100 € par an.
Ces économies dépendent de trois facteurs principaux : l’ensoleillement de votre région, la puissance de vos panneaux installés et vos habitudes de consommation d’eau chaude. Un foyer dans le sud de la France avec 4 kWc de panneaux obtiendra de meilleurs résultats qu’un foyer en Bretagne avec 2 kWc.
L’investissement dans un routeur solaire (entre 300 et 800 €) se rentabilise généralement en 2 à 4 ans grâce au surplus d’économies généré par rapport à la simple programmation horaire.
Installation : peut-on le faire soi-même ?
La partie photovoltaïque nécessite obligatoirement l’intervention d’un professionnel. Plusieurs raisons à cela : la sécurité électrique, la conformité réglementaire, les garanties constructeur et surtout le raccordement au réseau public. Sans installateur certifié, vous ne pourrez pas bénéficier du contrat de revente du surplus ni des aides financières.
Pour le branchement du chauffe-eau seul, si vous disposez de compétences solides en électricité, l’opération est techniquement réalisable. Toutefois, faire appel à un professionnel RGE (Reconnu Garant de l’Environnement) reste fortement recommandé.
Les avantages du professionnel RGE sont multiples. Vous accédez aux aides financières comme la prime à l’autoconsommation et la TVA réduite à 5,5 %. Vous bénéficiez également des garanties décennales et d’une installation conforme aux normes électriques en vigueur. En cas de sinistre, votre assurance habitation ne pourra pas se dégager de ses responsabilités.
Le coût d’une installation complète varie selon la puissance et la complexité du projet. Comptez entre 8 000 et 12 000 € pour une installation photovoltaïque de 3 kWc avec pose, auxquels s’ajoutent 1 500 à 2 500 € pour un chauffe-eau thermodynamique compatible ou 500 à 1 200 € pour un chauffe-eau électrique classique programmable.
Si vous possédez déjà des panneaux solaires et que vous souhaitez uniquement rendre votre chauffe-eau compatible, le budget se limite au changement de l’appareil et à l’installation d’un routeur solaire si nécessaire, soit 2 000 à 4 000 € selon la solution choisie.
Les points de vigilance avant de se lancer
Compatibilité du chauffe-eau
Tous les chauffe-eau électriques ne peuvent pas être raccordés à une installation photovoltaïque. Les modèles anciens, notamment, ne disposent pas des fonctions de programmation ou d’asservissement nécessaires.
Avant tout investissement, vérifiez la notice technique de votre appareil ou consultez le fabricant. Les marques comme Atlantic, Thermor ou De Dietrich proposent des gammes spécifiquement conçues pour l’autoconsommation solaire. Les modèles compatibles mentionnent explicitement cette fonction dans leurs caractéristiques.
Si votre chauffe-eau actuel a plus de 10 ans, c’est peut-être l’occasion de le remplacer par un modèle plus performant et compatible photovoltaïque. Les nouveaux appareils offrent également de meilleures performances énergétiques grâce à une isolation renforcée.
Dimensionnement de l’installation
La surface de panneaux nécessaire dépend de vos besoins réels en eau chaude. Un sous-dimensionnement limite les économies, tandis qu’un sur-dimensionnement augmente inutilement le coût initial sans gain proportionnel.
Pour un foyer de 2 personnes, une installation de 2 à 2,5 kWc (6 à 7 panneaux) suffit généralement. Pour 3 à 4 personnes, visez 3 à 4 kWc (8 à 11 panneaux). Au-delà de 4 personnes, comptez 5 kWc minimum (13 à 14 panneaux) pour couvrir correctement les besoins.
L’espace disponible en toiture conditionne aussi votre projet. Un panneau standard mesure environ 1,7 m × 1 m. Pour 3 kWc, prévoyez environ 15 à 17 m² de surface de toit bien orientée, idéalement plein sud avec une inclinaison de 30 à 35°.
Les ombrages (arbres, cheminées, bâtiments voisins) réduisent significativement la production. Un diagnostic professionnel permet d’évaluer précisément le potentiel de votre toiture.
Production intermittente
L’énergie solaire dépend de la météo et de la saison. Votre production sera maximale en été et minimale en hiver. Cette intermittence impose de conserver un raccordement au réseau électrique pour garantir de l’eau chaude en permanence.
Les jours sans soleil ou en période hivernale, votre chauffe-eau puisera automatiquement l’électricité nécessaire sur le réseau. C’est normal et prévu dans le fonctionnement du système. L’objectif n’est pas d’atteindre 100 % d’autonomie, mais de maximiser l’autoconsommation quand les conditions sont favorables.
Certains foyers envisagent d’ajouter une batterie de stockage pour conserver le surplus de production. Cette solution améliore l’autonomie mais représente un investissement conséquent (entre 5 000 et 10 000 € selon la capacité). Le retour sur investissement est plus long, parfois supérieur à 10 ans. À évaluer selon vos priorités et votre budget.
En région peu ensoleillée, privilégiez un chauffe-eau thermodynamique plutôt qu’électrique classique. Ce type d’appareil consomme 3 fois moins d’électricité grâce à sa pompe à chaleur intégrée, ce qui compense partiellement une production solaire plus faible.
Les aides financières disponibles en 2025
L’État et les collectivités locales soutiennent financièrement l’installation de panneaux photovoltaïques en autoconsommation.
La prime à l’autoconsommation est versée automatiquement par EDF OA (Obligation d’Achat) sur 5 ans. Son montant dépend de la puissance installée. Pour une installation de 3 kWc, vous percevez 300 €/kWc, soit 900 € au total répartis sur 5 ans (180 € par an). Pour 6 kWc, la prime descend à 230 €/kWc, soit 1 380 € au total.
La TVA réduite à 5,5 % s’applique sur le matériel et la main-d’œuvre, à condition que l’installation soit réalisée par un professionnel RGE et que la puissance ne dépasse pas 3 kWc. Au-delà, la TVA passe à 10 %.
Certaines régions et communes proposent des aides supplémentaires pour encourager la transition énergétique. Les montants varient fortement selon les territoires. Renseignez-vous auprès de votre mairie ou de l’Espace France Rénov’ le plus proche pour connaître les dispositifs locaux.
Vous pouvez également revendre votre surplus de production au réseau via le dispositif d’obligation d’achat (OA Solaire). Le tarif de rachat s’élève à 0,10 € par kWh pour les installations inférieures à 9 kWc. Ce revenu complémentaire accélère l’amortissement de votre investissement. Les contrats sont signés pour 20 ans à tarif fixe, ce qui garantit une visibilité financière à long terme.
Si vous optez pour un chauffe-eau thermodynamique, vous pouvez bénéficier de MaPrimeRénov’ sous conditions de ressources. Les montants varient de 400 à 1 200 € selon votre revenu fiscal de référence. Cette aide se cumule avec la prime à l’autoconsommation.
Pour maximiser les aides, regroupez vos travaux. L’installation de panneaux solaires couplée au remplacement d’un vieux chauffe-eau par un modèle thermodynamique compatible permet de cumuler plusieurs dispositifs et d’optimiser votre enveloppe financière globale.
Une solution rentable à condition de bien dimensionner
Brancher un chauffe-eau sur des panneaux photovoltaïques permet de réduire de 40 à 70 % la facture d’eau chaude, soit plusieurs centaines d’euros d’économies par an. La rentabilité dépend du dimensionnement de l’installation, du choix entre programmation simple ou routeur solaire, et des aides financières obtenues. Avec un professionnel RGE et les bons équipements, le retour sur investissement se situe généralement entre 8 et 12 ans.

