Pourquoi les éoliennes clignotent rouge ou blanc ?

Vous l’avez sans doute remarqué en traversant la campagne à la tombée de la nuit : les éoliennes clignotent. Parfois en blanc pendant la journée, systématiquement en rouge une fois l’obscurité installée. Ce balisage lumineux n’a rien d’aléatoire. Il répond à une obligation réglementaire stricte, pensée avant tout pour la sécurité aérienne. Voici pourquoi ces géants de l’énergie renouvelable s’illuminent ainsi, et ce que dit précisément la réglementation.

Un balisage imposé par la réglementation aérienne

Les éoliennes dépassent généralement les 45 mètres de hauteur, certaines atteignent même 150 mètres en bout de pale. À cette échelle, elles constituent des obstacles potentiels pour les aéronefs, qu’il s’agisse d’avions, d’hélicoptères ou de petits appareils de tourisme.

La Direction Générale de l’Aviation Civile (DGAC) impose donc un balisage lumineux réglementaire. L’arrêté de référence, celui du 23 avril 2018, fixe les règles applicables à tous les parcs éoliens français. Chaque éolienne doit être équipée d’un feu installé au sommet de la nacelle, garantissant une visibilité à 360 degrés, de jour comme de nuit.

L’objectif est simple : permettre aux pilotes d’identifier rapidement la présence d’un obstacle, d’en évaluer la hauteur et de naviguer en toute sécurité, même dans des conditions de vol difficiles.

Blanc le jour, rouge la nuit : une logique de visibilité

Le changement de couleur entre le jour et la nuit n’est pas un détail esthétique. Il résulte d’une analyse fine des besoins en matière de visibilité et de limitation des nuisances.

Le balisage diurne : feux blancs de 20 000 candelas

Pendant la journée, les éoliennes émettent des feux blancs de 20 000 candelas. Cette puissance lumineuse élevée permet au signal de rester visible même en plein soleil, lorsque la luminosité ambiante est maximale.

Le blanc offre le meilleur contraste avec le ciel, quelle que soit la météo. La fréquence des éclats est fixée à 20 flashs par minute, soit un flash toutes les trois secondes. Ce rythme permet une identification rapide sans saturer visuellement l’espace aérien.

Le balisage nocturne : feux rouges de 2 000 candelas

Une fois la nuit tombée, les feux passent automatiquement au rouge. Le basculement s’opère lorsque la luminance de fond devient inférieure à 50 cd/m², mesurée par un capteur crépusculaire installé sur l’éolienne référente du parc.

Le rouge a été choisi pour deux raisons. D’abord, il reste parfaitement visible pour les pilotes tout en étant dix fois moins puissant que le blanc : seulement 2 000 candelas. Ensuite, il génère moins de gêne pour les riverains et perturbe moins la faune nocturne, notamment les oiseaux et les chauves-souris.

Cette réduction de puissance de 90 % entre le jour et la nuit illustre la volonté de concilier sécurité aérienne et limitation de la pollution lumineuse.

La synchronisation obligatoire des éclats

La réglementation impose que tous les feux d’un même parc éolien, appartenant au même exploitant, clignotent de manière parfaitement synchronisée. Cela vaut aussi bien pour les flashs de jour que pour ceux de nuit, ainsi que pour le passage d’un mode à l’autre.

Cette synchronisation est assurée par une puce GPS intégrée au système de balisage. L’objectif est double : d’une part, offrir une cohérence visuelle qui facilite l’identification du parc par les pilotes ; d’autre part, limiter l’impact visuel pour les habitants des zones proches.

Quand une désynchronisation se produit, c’est généralement le signe d’un problème technique : panne de capteur, version différente de la puce GPS, défaut de configuration. Ce type d’anomalie doit être corrigé rapidement pour rester conforme à la réglementation.

Balisage renforcé pour les éoliennes de grande hauteur

Les éoliennes dont la hauteur totale se situe entre 150 et 200 mètres doivent respecter des exigences supplémentaires. En plus du feu installé en haut de la nacelle, elles doivent être équipées de quatre balises de basse intensité (feux rouges fixes de 32 candelas) réparties autour du mât, à 45 mètres de hauteur.

Cette mesure vise à mieux signaler le volume occupé par la structure, surtout pour les vols à basse altitude. Avec l’augmentation continue de la taille des éoliennes, cette exigence concerne un nombre croissant d’installations récentes.

Les nuisances et les pistes d’amélioration

Le balisage lumineux, bien qu’indispensable, peut constituer une gêne pour les riverains proches des parcs éoliens. Les flashs rouges nocturnes, même atténués, restent visibles à plusieurs kilomètres et peuvent perturber le sommeil ou simplement le confort visuel.

Il faut toutefois préciser qu’aucun risque sanitaire n’a été identifié. La fréquence de 20 éclats par minute est très largement inférieure au seuil épileptogène, comme l’a confirmé l’Académie de médecine en 2017.

Conscients de cet impact, les professionnels de l’éolien travaillent avec les autorités pour faire évoluer la réglementation. Plusieurs pistes sont explorées :

Le balisage circonstanciel : un système de détection qui activerait les feux uniquement lorsqu’un aéronef approche, permettant de laisser les éoliennes éteintes le reste du temps.

La réorientation des lumières vers le haut : concentrer le faisceau lumineux vers le ciel plutôt que vers le sol, pour maintenir la visibilité aérienne tout en réduisant la gêne au sol.

La modulation selon les conditions météorologiques : ajuster l’intensité des feux en fonction de la visibilité réelle.

Pour l’instant, ces solutions restent au stade expérimental ou en attente d’autorisation. La réglementation française demeure parmi les plus strictes d’Europe, imposant un balisage systématique sur toutes les éoliennes, indépendamment de leur proximité avec un aéroport ou une zone de trafic aérien dense.

Pourquoi certaines éoliennes ne clignotent pas ?

Il arrive que certaines éoliennes d’un parc ne soient pas équipées de feux clignotants, ou que leurs lumières semblent éteintes. Ce n’est pas une anomalie.

La réglementation autorise, dans certaines configurations, à baliser uniquement les éoliennes périphériques d’un parc. Les machines situées au centre, protégées par celles des extrémités, peuvent être dispensées de balisage. Cette approche permet de réduire le nombre de points lumineux tout en maintenant une visibilité suffisante pour les pilotes.

En cas de panne, plusieurs causes sont possibles : défaillance du flashlight lui-même, problème au niveau du capteur crépusculaire, ou encore dysfonctionnement du système de synchronisation. Ces pannes doivent être réparées rapidement pour respecter les obligations légales.

Enfin, dans d’autres pays européens, le balisage peut prendre des formes différentes. Certaines éoliennes arborent des bandes rouges sur les pales ou le mât, en complément ou en remplacement des feux clignotants. En France, cette option n’est pas autorisée : seuls les feux lumineux blancs et rouges sont conformes à la réglementation DGAC.

Le balisage lumineux des éoliennes illustre l’équilibre recherché entre sécurité aérienne, contraintes réglementaires et acceptabilité locale. Si les feux clignotants rouges et blancs resteront visibles tant que la réglementation actuelle s’appliquera, les évolutions technologiques pourraient, à terme, réduire leur impact visuel sans compromettre la sécurité des vols.

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koessler.buisness@gmail.com
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